H18 : déni de réalité

 

Préambule

Le climato-scepticisme est franchement une régression, à tel point que même les autorités fédérales Suisse ont ratifié les accords de Paris de la COP21 en 2015. Viser la neutralité carbone en 2050 signifie réduire chaque année nos émissions de GES de 5 % par rapport à l’année précédente. Soit une réduction globale de ( 1-0.05)30   soit une réduction de 80 % et un solde de 20 % des émissions actuelles. En d’autre termes sur trente ans nous devrions diviser par 5 notre production de GES. Les GES sont le résultat de la combustion d’éléments fossiles (pétrole, gaz, charbon) et aussi de méthane d’origine agro-industrielle et début de dégazage des permafrosts. La mesure des émissions se fait en équivalent CO2 du fait de la prééminence de cette composante. Toute combustion de combustible fossile donne du CO2 et de la vapeur d’eau (H2O) qui sont tous deux des gaz à effet de serre, mais le premier à une très longue durée de viei, et le second n’a qu’une durée de vie très courte.
 
La solution évidente et techniquement parfaite pour produire moins de CO2 est de brûler moins de fossile. En sus, cela tombe bien puisque le pétrole bon marché est en voie de disparition. Sur environ 50 ans nous avons consommé le 50 % des réserves connues ce qui est un exploit comparé à la durée de vie de l’humanité ! Mais brûler moins signifie produire moins et donc consommer moins.
 

Sachant que le PIB et la consommation d’énergie fossile sont fortement corrélées, on est obligé de conclure que la décroissance n’est pas un fantasme de doux farfelus qui n’ont rien compris aux « lois » de l’économie, mais un fait incontournable. La seule liberté que nous ayons est de la canaliser ou de la subir.

Si l’on observe, pour un pays d’Europe du nord et la Suisse en particulier, on note la distribution de la production de CO2 comme suit :

De toutes les émissions de gaz à effet de serre de la Suisse :

Cette segmentation doit nous inciter à nous attaquer en priorité au plus important. Soit ici les transports.

 

1

Il n’est pas évident de réduire abruptement les transports utilitaires, pour les chantiers et marchandises. Il a y des pistes : réduction de la consommation, relocalisation de l’économie, livraison vélo-cargo en ville piétonne, etc … Bref à travailler.

Par contre, pour ce qui est des personnes, les transports collectifs publics (TCP) sont indiscutablement beaucoup plus efficaces. Au premier coup d’œil sur le tableau ci-dessuus nous constatons que l’ensemble des transports CFF est dans le petit trait orange alors que ce trait inclus aussi des transports de marchandises.
Si l’on regarde l’efficacité énergétique et écologique selon le type de transport, le tableau suivant nous renseigne assez précisément.

Type

Sous type

mg/pkm

T.P. (collectif)

Chemin de fer, Grand lignes

0.7

 

Chemin de fer, Trafic régional

1.5

 

Chemin de fer, RER

0.7

 

Tram

10.9

 

Trolleybus

20 ? *

 

Autocar

44.2

Voiture, moyenne

en localité

171.9

 

autoroute

170.7

Voiture, Van

en localité

215.8

 

autoroute

214.2

iii

Facteurs d’émission utilisés pour des moyens de transport affichant un taux d’occupation moyen (voiture: 1,59 personne, Intercity: 33%, train régional: 18%, RER: 35%)

*Estimation très approximative : base entre autocar et tram, fer et pneumatique

De ce tableau il faut faire une première remarque : tous les transports sur chemin de fer sont imbattables du fait de leur avantage intrinsèque du au très faible coefficient de frottement du fer contre fer.

Mais les performance des TCP sont encore meilleures au delà de ce seul avantage. Comparons une voiture moyenne hors localité et un train régional. En terme de CO2 le ratio est 130.2/1.5 = 86.8. Pour la ville prenons un tram et notre voiture moyenne, le ratio est : 179.9 /10.9 =  16.5. Certes le bus régional est moins performant que ses collèges ferrés, mais c’est tout de même un facteur 2. Facteur qui ne pourra jamais être comblé par la voiture alors que le trolleybus fait 2 à 3 fois mieux que son compère explosif.

Bref, du point de vue pollution, les TCP devraient permettre d’obtenir un facteur de division de l’ordre de 4-5 voir mieux dans des villes sans voitures réduisant le surcoût de consommation du au trafic intense et de plus permettant  l’usage de la mobilité douce : vélo, trottinette, etc... et piéton. Et pour un service parfait, il faut compléter les TCP par les TIP (Transports Individuels Publics)iv

L’objectif COP21 étant une division par 5, cette mutation fait sens.

Déni

Au niveau du monde politique, c’est de déni absolu. Certes plus aucun pro n’est, ou ne se dit, climato-sceptique. Mais aucun ne voit la taille de l’enjeu. Et tous, ou presque, n’osent prendre la moindre mesure qui puisse atteindre les intérêts des maîtres de l’industrie et de la finance. ( On n’aime pas contrarier ses sponsor, normal). Donc aucun changement, aucune mise à la casse. On se contente de promouvoir des technologies « propre »  (green-waching) et de captage de CO2, etc … Cela ne choque pas les possédants actuels et cela crée des possibilités d’investissement aux financiers.

Le covid-19 est exemplaire à ce sujet. On sait que le plus grave variant est le produit d’une mutation au travers de l’élevage agro-industriel du vison. Ces visons, elles servent à quoi ? Je vous laisse deviner. Mais dans cette direction, circulez, il n’y a rien à voir. On  n’en fera pas les gros titres puisque la presse est aux mains de la haute finance. Et de fait ! Autre exemple, la promotion de la voiture électrique. Oui, les ânes du CE n’ont pas encore compris que l’électricité est une énergie secondaire. En Suisse, elle provient majoritairement  des barrages hydrauliques, puis des centrales nucléaires et d’un peu de divers. Donc essentiellement avec très peu de CO2. Mais la source hydraulique est à son maximum et le nucléaire sous moratoire. Si l’on veut rapidement faire rouler les voitures à l’électricité, il faut produire celle-ci avec … du pétrole ou du charbon ! Et 10-20 % de plus pour les pertes en ligne et le rendement des batteries. Ou, si l’on pense filière hydrogène, ce supplément pour le rendement d’une telle filière (30-35%) est de 3-400 %! Si le but est de conserver à tout prix la voiture individuelle, alors évitons ces singeries et directement mettons le carburant dans la voiture, c’est plus simple et pas plus mauvais.

Afin d’être parfaitement sûr de ne pas voir l’ampleur du problème, aucun pourvoir n’a pris la décision d’annoncer un budget carbone, et son contrôle en même temps que son budget financier. Car on en est encore à croire que les « lois de l’économie » sont plus concrètes que celles de la physique. Pourtant, annuler une dette se fait tous les jours. Tentez d’annuler la pesanteur pour voir !v

Et, de déni en tergiversation, en attendant que les autres montrent la voie, le temps passe et rien ne change, sauf le climat et l’effondrement de la vie !

 
 
La Suisse consacre beaucoup d’effort pour façonner une image d’exemplarité (en partie pour camouflé celle de gangster fiscal). Pourquoi pas jouer la carte de l’exemplarité écologique ?
 
vi

Nous ne sommes pas les pires mais nous étions parmi les plus mauvais !

Contournement routier H18

Un référendum contre la construction du contournement routier H18 à été lancé. C’est une évidence selon les raisonnements qui précèdent. Mais, il est frappant de constater l’absence de vision globale dans cette affaire. Notamment le refus de vouloir lier ce référendum à la question des transports publics gratuits.

Pour ceux qui, soit, ne sont pas pour les transports publics gratuits, soit pensent que cela est hors sujet lorsque l’on parle de forer de nouveaux tunnels routiers, je propose un petit raisonnement à contre temps.

En rappelant que les TP gratuits à l’échelle des cantons sont le plus puissant moteur imaginé pour atteindre un transfert massif des transports individuels très énergivores, polluants et accidentogènes, vers une mobilité plus performante, plus sûre, respectueuse de l’environnement et, au bout du compte, plus conviviale pour la majorité  des gens. On postule également que ce transfert modal n’implique pas un usage abusif dû à la gratuité et sans doute moins important que la gratuité de  la route qui bénéficie plus aux classes aisées pouvant se permettre une automobile privée.

Raisonnons, dans une autre chronologies que celle qui nous est imposée. Supposons que le CE n’ai pas largement abusé des délais pour passer l’initiative de Laurent Debrot (on ose plus dire l’initiative des Verts plus très verts…) au Grand Conseil et que la question fut déjà passée au vote du peuple.

Supposons que, malgré le covid-19… la campagne en faveur de cette proposition ait été couronnée de succès et que le Oui l’ait emporté (on peut rêver en comptant sur la mobilisation des jeunes ). Supposons, ensuite, que les autorités cantonale ait respecté la décision du peuple (oui, je sais, cela ressemble plus à du délire qu’à une l’analyse lucide) pourrait-il encore être question d’un projet tel que celui de la H18 ? A mon avis c’est ce projet routier qui aurait été perçu comme hors sujet.

En conclusion la situation que nous vivons est une question de chronologie. Faire traîner la demande populaire, nous savons qu’elle l’a vraiment été notamment auprès des jeunes, de telle sorte à faire passer en priorité un projet de bétonneur et en même temps disqualifier l’idée de TP gratuits. Est elle le fruit d’une tactique mûrement réfléchie par le CE ? Ou, est elle le fait d’une allergie à l’idée d’une gratuité plus favorable aux  petits revenus et d’un engouement congénitale, inspiré par les sponsors des partis bourgeois, pour la route, qui, elle aussi est gratuite mais favorable à l’automobile, apanage et fleuron de la pensée bourgeoise. Ceci sans compter un mépris absolu des générations à venir.

En conclusion, ne pas considérer que TP gratuit et H18 ne forme pas un tout,  est un manque de vision globale. C’est aussi tomber dans le piège tendu par les lobbies du béton et de l’automobile qui ne veulent pas entendre parler du transfert modal de l’auto-individuelle au TP car cela entraîne une restructuration des pouvoirs financiers qu’ils sont en charge de protéger.   

Jacques Silberstein

 

11000 Joules = 2.8×10-4 Kilowatt heures ;  téra = 1012 ;  1 téra joule = 277’778 kWh. ; 100’000 TJ 30 million de Kwh

iLa durée de vie du C02 est complexe. On estime que 50 % disparaît en 30 ans 30%résiduel en 200 ans le reste en quelque milliers d’année.

iihttps://www.bafu.admin.ch/bafu/fr/home/themes/climat/en-bref.html#-1333200555

iiihttps://www.plateformeco2.ch/portal/documents/10279/16915/CFF_Eco-comparateur.pdf/e32cc093-8b93-4af2-a146-4ae94e4aa636 Auteur : Matthias Tuchschmid mtuchschmid.ch Fellenbergweg 14, 8047 Zurich info@mtuchschmid.ch

iv Le TIP, du rêve au délir rationnel ! http://silberstein.abstraction.ch/tip.html

vÉcoutez les conférences de Aurélieu Barrau (Physicien - poète - écologiste)

vihttps://www.avenergy.ch/fr/resultat/43-preise-statistiken/statistiken/co2-ausstoss-statistiken/358-emissions-de-co2-en-comparaison